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la migration des cigognes
7 février 2009

Une inspection, c'est quoi au juste ?

Ayé ! J’ai été inspecté ! Pour un enseignant normalement constitué, une visite par un inspecteur (ou une inspectrice) de l’ Education nationale, revêt une certaine importance. Pourquoi ? Pour deux raisons :

- pour les pépétes : au courant de sa carrière, un fonctionnaire voit son salaire constamment et automatiquement augmenté au fil de son expérience (le terme « augmenté » étant évidemment tout relatif). Il y a un système d’échelons à gravir. Ainsi, en début de carrière, un fonctionnaire est à l’échelon 1, tout de pin IKEA, et termine logiquement par le dernier échelon, en bel acajou. Pour l’échelon de platine, il faudra repasser ou éventuellement faire une carrière dans le privé.

« Oui, mais moi quand j’étais petit, je faisais de l’escalade .N’y a-t-il pas un moyen de grimper plus (vite) pour gagner plus ? » Et bien oui ! Système français oblige, c’est possible ! Pour cela, il suffit d’avoir de bonnes notes lors des inspections (pour un enseignant, c’est un comble ).

Au courant de cette inspection, l’inspecteur attribue à l’enseignant une note sur 20 en fonction de sa « prestation ». Un prof en début de carrière a donc tout intérêt à avoir la meilleure note possible, pour pouvoir ensuite progresser plus vite dans la grille des salaires ; en gros, il attendra moins de temps que les autres pour passer d’un échelon à l’autre, car il partira de plus haut. Mais tout cela est bien relatif : c’est -à- dire que malgré tout, même si on est très pressé, il est impossible de gravir les échelons 2 à 2 (ou 4 à 4 pour les plus sportifs). Les notes attribuées sont malgré tout prédéfinies en fonction de votre ancienneté dans le système. En Haute-Garonne, par exemple, un enseignant débutant ne pourra prétendre qu’à une note comprise entre 9/20 et 13,5/20. Pourquoi ? Parce qu’officiellement, toujours selon ce bon vieux système français, il est évident qu’un p’tit jeunôt fera toujours du moins bon travail qu’un vieux briscard. Et parce qu’officieusement, le budget de l’ Etat serait encore plus déficitaire si l’on s’amusait à réellement appliquer ce système de mérite.

En quelques mots, j’aurais pu éviter toutes ces palabres, et moins vous fatiguer les yeux devant votre écran en vous disant que c’est tout simplement un système de promotion à l’ancienneté et un peu au mérite (mais pas trop quand même…). Mais , vous savez, les instits c’est comme ça, ça a besoin de tout clarifier….

Donc, un enseignant en début de carrière, comme moi, s’il escompte pouvoir gagner des milles et des cents (enfin non, plutôt des cents) de plus au bout de 40 ans de métier, n’a qu’à bien réussir ses inspections et notamment la première.

- pour soigner son ego : dans le primaire, nous n’avons pas de supérieur hiérarchique direct sur le terrain (à l’école quoi !). Le directeur est un collègue au même titre que les autres. Il n’a, en plus de ses collègues, que des fonctions de gestion, de communication, de relations, de coordination, et je vais m’arrêter là, sinon, on y est encore jusqu’à demain matin… Donc la reconnaissance professionnelle du travail accompli ne se mesure qu’à ce que vous renvoient les élèves. C’est bien connu, d’après les enquêtes du Monde de l’éducation et autres Nouvel Obs’, les enseignants se sentent mal aimés. Et pourtant, d’après ces mêmes enquêtes, les français font confiance à notre école publique. Où est le malaise alors ? Un indice ? Cherchez du côté de la rue de Grenelle à Paris…

L’ inspection est avant tout une évaluation du travail de l’enseignant. La note attribuée par l’inspecteur et le rapport qui s’ensuit après la visite dans la classe et l’observation de quelques heures d’enseignement auprès des élèves, compte beaucoup psychologiquement. Ainsi, la seule vraie reconnaissance du travail accompli se fait lors d’une inspection, qui a lieu au mieux tous les 3 ans. Autant que ça se passe bien si l’on espère continuer à exercer sereinement son métier…

Voilà, si vous avez eu la patience de lire jusqu’au bout, vous connaissez maintenant les deux enjeux essentiels d’une inspection « réussie ». Je n’adhère ni à l’un ni à l’autre, et pourtant, on ne se refait pas, je n’ai pas pu m’empêcher d’être un enseignant normalement constitué…Dans un prochain article, un compte rendu des évènements.

laurent

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